lundi 26 septembre 2011

Passez votre chemin...

... car ce blog aussi éphémère qu'un papillon de nuit est mort de sa belle mort.

Pourquoi ? Parce que tout ce que j'écris ici, je peux clairement l'écrire ailleurs, dans un blog unique et multifonctions (un peu comme les canifs suisses ou les nouvelles imprimantes). Ce blog, c'est :

De l'aventure, de l'action, du sexe (euh... non),
de la musique, de la science-fiction, du cinéma
and... many more !

mardi 23 août 2011

[Concert] Murder et Timber Timbre aux Feeërieën

Le lieu se prête merveilleusement bien à ce genre de concert : il ressemble un peu à la Rotonde du Botanique, mais en mode inversé, et à l’extérieur. (En fait, à y réfléchir, ça n’a strictement aucun rapport avec la Rotonde – faut que je dorme la nuit, c’est tout.) Au crépuscule, le vieux kiosque à musique en fonte du Parc royal de Bruxelles, avec ses douze colonnes et son beau grillage vert orné d’oiseaux et de cors de chasse dorés, se pare des couleurs des lampes multicolores installées pour l’occasion dans les arbres alentour par l’équipe de l’Ancienne Belgique. Le ciel, d’abord bleu, devient menaçant en fin de soirée, mais ne cause aucun souci majeur. Une chance quand on sait que le matin même, un méchant cumulonimbus a recouvert la capitale, créant une nuit artificielle en plein jour et amenant son cortège d’averses et d’éclairs menaçants.

Nous sommes à une soirée des Feeërieën organisé par l’AB.
C’est en plein air et c’est gratuit.
Ce soir sur scène : Murder et les Canadiens de Timber Timbre.

Murder est un groupe danois fondé par Jacob Bellens et Anders Mathiasen, deux amis de longue date, rejoints ici par un discret contrebassiste. La composition est simple : Jacob – casquette vissée sur la tête et bouteille d’eau en main (?) – est  au chant. Le gaillard n’a pas besoin de jouer d’un instrument : sa voix très particulière est son instrument. Anders – blond, mince, plus élancé que son comparse – joue de la guitare et s’occupe parfois des backing vocals. Aucune pose, aucune fioriture, si ce n’est quelques blagues (du genre, vers la fin du concert : "You can sit down now", alors que tout le monde est assis). 

Le style ? Du folk ténébreux minimaliste, avec une voix grave qui fait directement penser à Johnny Cash. Rien de nouveau donc, mais des ballades simples et accrocheuses, des histoires à raconter... C’est majestueux comme un château de Fionie. Sorti en 2006, leur album Stockholm Syndrome, qui contient le très dépouillé "Naming the Demon" (voir ci-dessous) reçoit de très bonnes critiques de la part de la presse spécialisée et sera en outre encensé par Stuart Staple, le chanteur de Tindersticks, dont les Danois feront d’ailleurs les premières parties européennes en 2008. En 2010, sort l'album Gospel of Man (dont est tiré le "Providence" ci-dessous), qui reprend la même sombre recette.




"Féerique" est un mot qui correspond tellement bien au second groupe de la soirée, à savoir Timber Timbre, qu’on pourrait presque penser que le mini-festival a été organisé rien que pour lui. Quand Taylor Kirk, encapuchonné comme un moine, arrive avec sa guitare électrique et commence à chanter, battant la mesure avec une caisse à ses pieds, c’est l’envoutement immédiat. Avec aussi cette question lancinante : d’où vient ce gars et dans quel recoin de son corps va-t-il chercher cette voix possédée ? Celle-ci à quelque chose d’unique : souvent grave, avec des modulations soudaines vers les aiguës. Taylor Kirk a un don, c'est comme ça. La "légende" veut qu’il vienne d’un coin perdu de l’Ontario et qu’il ait composé, enregistré et autoproduit ses deux premiers albums tout seul ou presque, dans une cabane en bois.

Timber Timbre, c’est aussi deux autres personnes désormais : la violonniste Mika Posen (qui s’occupe également des claviers et de certains rythmes) et le guitariste Simon Trottier (qui officie entre autres à la lap steel et à l’autoharpe). Ensemble, ils arrivent à créer un univers bien à eux, combinant une musique atmosphérique à l’intersection du post-rock – ils sont Canadiens, ne l’oublions pas –, du blues et du folk.

Le groupe jouera de nombreuses chansons des deux derniers albums, Timber Timbre (2009) et Creep On Creepin’ On (2011), comme les superbes "Demon Host" ou "Black Water" avec ses chœurs épiques en fin de morceau (voir ci-dessous). Seul regret : celui de ne pas avoir entendu des mélodies provenant des deux premiers opus Cedar Shakes (2006) et Medicinals (2007). Ces deux-là avaient un son différent, plus amateur, ce qui n’était pas déplaisant pour l’amateur de lo-fi qui sommeille en moi. L’enregistrement était sans doute moins professionnel, l’instrumentation plus simple et la voix moins maîtrisée, mais les mélodies frappaient d’autant plus les esprits, justement : on s'en rendra compte avec des morceaux comme "As Angels Do", "It’s Only Dark" ou encore les très inspirés "UnderYour Spell" ou "Patron Saint Hunter".

Qu’importe : ce sera pour la prochaine fois, peut-être, lors de leur prochain passage.

 

 

dimanche 10 juillet 2011

La magie "Jim White"

Ce songwriter originaire de Pensacola (USA), à ne pas confondre avec le (très bon) batteur des Dirty Three qui porte exactement le même nom, est du genre "raconteur d'histoires", dans la lignée de Townes Van Zandt... Des histoires qui sentent bon les longues routes désertes, les villes fantômes et les stations-services du Sud des États-Unis... Bigre, il a l'air tellement sincère et sans artifice, seul avec sa guitare, que c'en est réellement désarmant...

Exemple avec "A Perfect Day to Chase Tornados" (Wrong-Eyed Jesus, 1997), une murder ballad touchante. Sometimes I think that the sky is a prison and the earth is a grave...


Un autre exemple avec le clip inquiétant de "Ghost Town of my Brain" (No Such Place, 2011) :

vendredi 8 juillet 2011

The Middle East, "Beleriand"

Voilà un groupe de folk/post-rock des Antipodes dont le premier album (I Want That You Are Always Happy) vient de sortir en avril 2011. Cela fait néanmoins plus de cinq ans que la formation existe et compose des trucs pas mal. La preuve avec cette mélodie qui commence dans une furie très "post-rock" pour prendre des accents beaucoup plus folk en cours de route. Le thème central de la chanson : la Terre du Milieu. Plein d'endroits et de noms tirés de l'univers de Tolkien sont cités (Beleriand, Barad-dûr, Elendil, etc.). (Album : The Recordings of the Middle East, 2008.)

mercredi 6 juillet 2011

Underground Railroad, "8 Millimeters" (live)

Un groupe de post-punk/indie rock français basé à Londres. Ici, on a droit à une version acoustique (HibOO d'Live) du très beau titre qui ouvre leur troisième album (White Night Stand, 2011). La version studio est un peu plus excitée. Le groupe prend son nom du "chemin de fer clandestin" qu'empruntaient les esclaves noirs aux États-Unis pour gagner leur liberté, en se rendant dans les états abolitionnistes ou vers le Canada...

lundi 4 juillet 2011

Joy Division, "A Means to an End"

Tant qu'on est dans la coldwave (voir la chanson d'hier), autant revenir aux racines du mouvement. Closer (1980) est le second album de Joy Division, paru après le suicide de Ian Curtis. Beat hérité du krautrock, voix caverneuse... La chanson est aussi joyeuse qu'un livre de Stig Dagerman lu pendant un dimanche pluvieux et semble faire référence à une relation (amicale ou amoureuse) assez bancale. I put my trust in you. I put my trust in you. I put my trust in you. I put my trust in you. 


dimanche 3 juillet 2011

The Horrors, "Sea Within a Sea" : le plagiat pour les nuls

Bon, d'accord, c'est pas mal, comme son, mais c'est quand même pas très original, hein... L'air du début est un gros plagiat du duo basse/batterie du vieux (1970) et splendide "Mother Sky" de Can. Quant à la voix, bah, c'est une sorte de Ian Curtis (Joy Division), mais en moins bien. Rien de nouveau donc, mais ils ont au moins le bon goût de copier les géants et de ne pas s'aligner sur la merde FM du moment. (Album : Primary Colours, 2009.)

"Sea Within a Sea" de The Horrors :


"Mother Sky" de Can (si vous n'entendez pas la ressemblance, je ne peux rien faire pour vous) :

vendredi 1 juillet 2011

The Moldy Peaches, "Steak for Chicken" et l'anti-folk

Une chanson à deux voix, vulgaire et jouissive, bourrée d'humour, parlant de sexe et de drogue toutes les 8 secondes. "We're not those kids, sitting on the couch..." Les Moldy Peaches ont eu le mauvais goût de sortir leur album (par hasard, forcément) le 11 septembre 2001. Par une drôle de coïncidence, on retrouve dans cette chanson la ligne : "Who fucked up that leaning tower?" et sur l'album la chanson intitulée "NYC's Like a Graveyard".

mercredi 29 juin 2011

Beastie Boys, "Sabotage" (live)

D'habitude plutôt hip-hop, les Beastie Boys nous donnent ici la preuve qu'ils savent joueur avec des batteries, des guitares et faire des trucs beaucoup plus hardcore, sans se prendre la tête. À voir : la démolition du clavier vers la fin du morceau. Le clip officiel de cette chanson, où les membres du groupe singent une série policière américaine lambda, est hilarant. (Album : Ill Communication, 1994.)

lundi 27 juin 2011

Metronomy : quatre vidéos pour rigoler un bon coup

Continuons avec du comique, du marrant, de la bonne humeur... Ces Anglais flegmatiques sont juste un peu cinglés. Juste un peu, hein... L'électro-pop n'est pas vraiment mon style musical mais leurs clips remplis d'un humour typiquement britannique ont réussi à m'arracher au bas mot trois fous rire en une demi-heure !

Pas besoin d'avoir fait quatre ans d'herméneutique contemporaine pour comprendre de quoi parle la chanson ci-dessous... Haaa, ces regards en coin sur la fille sexy et ces faux synthétiseurs... Délirant !


Idem pour celle-ci (ça tourne toujours autour des femmes, tsss...). Si vous venez de rompre, ça devrait vous remonter le moral :


Cette troisième vidéo est un trésor d'inventivité sur fond de "système karaoké" (mais où donc vont-ils donc trouver donc toutes ces idées donc ?) :


Enfin, tout récemment (sur The English Riviera, 2011), Metronomy vient de sortir un single au style très épuré : "The Look". C'est une nouvelle fois très marrant à regarder... Ces gens ne se prennent pas au sérieux, ça fait du bien !


samedi 25 juin 2011

Misteur Valaire, "It's All Good" : cinq Québécois à Trouville

Bon, assez de musiques déprimantes pour le moment... Pour cette fin de mois de juin ensoleillé (ou pas), je vous propose une série de vidéos musicales qui mettent la patate (comme dirait une copine)... Vous connaissez Misteur Valaire (MV) ? C'est un groupe de potes québecois qui viennent du monde du jazz mais qui jouent maintenant un peu de tout, notamment une forme assez joyeuse d'électro. Particularité de MV : leurs albums sont en téléchargement libre : vous pouvez télécharger leurs trois albums sur leur site Web "au prix que vous désirez". Un chouette modèle économique qui donne furieusement envie de leur donner de l'argent, justement. Ici, un morceau de leur album Friterday Night (2007).

vendredi 24 juin 2011

Tindesticks, "Dying Slowly" : l'alcool, c'est pas bon pour la santé

Je reviens d’un "film-concert" de Tindersticks au Bozar, invité par mon ami FBsr. Tout cela me ramène dix ans en arrière, lorsque ce "tube" (disponible sur l'album Can Our Love..., 2001) passait "en boucle" sur les chaînes musicales (pas si "tube" et pas si "en boucle" que ça en fait). Il s’agit de l’histoire très sombre d’un loser, qui noie son mal de vivre (et une déception amoureuse, semble-t-il) dans l’alcool (toute ressemblance, etc., etc.). On se croirait dans Nighthawks de Hopper. À un moment, le morceau prend de la hauteur dans une envolée lyrique purement tinderstickienne et c’est très beau !

jeudi 23 juin 2011

Eels : une preuve du génie en quatre vidéos

Mark Oliver Everett (alias "E") est un gars intelligent, plein d'humour noir et à l'ironie frôlant le cynisme. C'est le fils de Hugh Everett III (prononcez "The Third"), physicien touche-à-tout qui a travaillé sur la physique quantique, les univers multiples et les bombes nucléaires... Et qui était apparemment plus doué pour toutes ces choses que pour élever des enfants.

Mark Oliver Everett est le type derrière le groupe Eels (les autres sont plus ou moins interchangeables) et l'auteur de neuf albums studio reconnaissables à leur son particulier : en quinze ans, Eels a toujours tourné autour des mêmes thèmes et des mêmes mélodies (qui a dit "autour du pot" ?), pour notre plus grand plaisir (ou pas).

La meilleure manière de découvrir Eels, c'est de montrer les fabuleuses vidéos du groupe. Même si vous n'aimez pas la musique, vous resterez sans doute jusqu'au bout juste pour la vidéo. Les deux premières ci-dessous sont issues d'Electro-Shock Blues (1998), un album sur la mort : de la mère d'Everett, d'un cancer du poumon ; de sa sœur schizophrène, par suicide. Oui, ce n'est pas joyeux... Ce second album, peut-être le plus beau et le plus personnel de tous les albums d'Eels, est formé de deux parties : la descente aux enfers d'abord, puis la pénible remontée vers la vie (une thérapie à elle seule). L'album est à l'origine de deux clips totalement surréalistes et définitivement délirants, "Cancer for the Cure" et "Last Stop: This Town" : entre découpage de cornemuse et génie génétique sur carotte...



Deux albums plus tard, sur Souljacker (2001), Eels revient avec un clip ("Souljacker part I") qui pourrait servir de promotion sympa pour un hôpital psychiatrique :


Sur Hombre Lobo (2009), Mark Oliver Everett n'a pas changé. La preuve avec un clip ("That Look You Give That Guy") qui pourrait être la concrétisation d'une très belle histoire d'amour sauce MTV, mais dont la fin laisse comprendre une conclusion toute différente (toujours cet humour noir !). La situation décrite dans ce clip et les paroles me rappellent par ailleurs diverses situations personnelles, sauf que moi, je n'ai pas de chien (et heureusement !).


D'autres clips tout aussi géniaux sont disponibles sur Youtube... Sur des blogs comme celui-ci, apparemment, Vevo bloque la diffusion (mais quel intérêt ont-ils de faire ça ?).

mercredi 22 juin 2011

Lift to Experience, "These Are the Days"

"USA est le centre de JerUSAlem", entend-on au début de The Texas-Jerusalem Crossroads (2001), un double album de post-folk biblique, signé par un groupe éphémère : Lift to Experience... En plus, lexicalement, c'est vrai. Un album sous forme d'OMNI, "objet musical non identifié" : trois musiciens texans qui chantent sur les anges, la Bible et l'Apocalypse, sur fond de guitares post-rock saturées... Le chanteur, Josh T. Pearson, sort un disque halluciné tous les dix ans, mais quel album ! 


lundi 20 juin 2011

The Fitzcarraldo Sessions, "Alice and Lewis (ft. Moriarty)"

The Fitzcarraldo Sessions est le fruit d’une collaboration entre le groupe français Jack The Ripper et des musiciens d’origine diverse (comme Stuart Staple de Tindersticks ou, dans la présente chanson, Moriarty). Un album au compteur : We Hear Voices (2009). Le nom du groupe tire son nom d’un splendide film de Werner Herzog, que je vous conseille vivement.

dimanche 19 juin 2011

Starboard Silent Side, "The Cobbler" (live) : le plaidoyer d'un innocent

Un chanteur suédois du nom de Tij, trois musiciens français et l’ancien violoniste du groupe belge DAAU, rencontrés à Paris ou à Amsterdam, voilà la composition de ce groupe de folk prometteur. Leur premier album, Because Our Friendship Was Meant to Sail (2009), plein d'émotions, de mélancolie folk et de délicatesse, est de très haut niveau.

"The Cobbler" (chanson non reprise sur le susdit album) est une mélodie minimaliste (une guitare, une voix et des chœurs lugubres un peu "western") qui narre la pauvre histoire, mélodramatique, d’un "honnête citoyen" accusé d’un meurtre qu’il n’a apparemment pas commis. Le verdict est sans appel : la mort. Simple, tragique, superbe.

vendredi 17 juin 2011

Yann Tiersen & Shannon Wright, "Ode to a Friend"

"Oh my friend, can you help me? Why did I drink from the devil's hand?" Bon, d’accord, ce n’est pas une chanson très joyeuse mais je la dédie néanmoins à mon amie Léandra (c’est le genre de voix et d’instrumentation qu’elle devrait aimer)...

jeudi 16 juin 2011

Noir Désir, "L'Europe" : les sangliers sont lâchés

"Chère vieille Europe, cher vieux continent, putain autoritaire, aristocrate et libertaire, bourgeoise et ouvrière..." Dernière chanson du dernier album de Noir Désir (Des visages des figures, 2001), "L’Europe" est une litanie de plus de 23 minutes, avec une Brigitte Fontaine en grande forme déclamant de courtes phrases surréalistes à la manière de Radio Londres ; avec un Bertrand Cantat faisant un constat glacé de l'état d’une Europe sans rêve à l’ère du néolibéralisme. "On chevauche pas Pégase, ça c’était pour l’extase, et l’extase, c’est fini." Grandiose !

mardi 14 juin 2011

Shellac, "A Prayer to God" : Dieu est-il un tueur à gage ?

"Au vrai Dieu, là-haut, voici ma prière..." : cette chanson de Shellac of North America (sur l'album 1000 Hurts, sorti en 2000) mérite une place de choix sur le piédestal du concours (encore à inventer) de "punk pour nerds". Le chanteur/narrateur est totalement remonté contre un couple et demande donc à Dieu de les tuer (bigre, mais que s'est-il passé ?). "Elle" de manière pas trop sadique (à savoir d'une maladie ou d'un coup sec) ; "lui", hé bien, euh, il faut juste le tuer ("just fucking kill him, I don't care if it hurts"). Je suppose que c'est le genre de "prière" que toute personne normale a déjà faite un jour dans sa vie... Non ?

Glauque, mais tellement salutaire.

Steve Albini, de Shellac, est surtout connu dans le monde du rock alternatif pour son travail de "producteur indépendant" : c'est lui qui est derrière In Utero de Nirvana ou, beaucoup moins connu, derrière Tweez de Slint... Une des chansons de 1000 Hurts, la terrible "Shoe Song" est d'ailleurs un hommage appuyé à "Good Morning Captain" de Slint, avec son fameux "I miss you" final.

dimanche 12 juin 2011

Slint, "Glenn" : mais où cela nous mène-t-il ?

Le groupe Slint a traversé la galaxie rock de manière fulgurante, avec deux albums et un seul EP. Le premier album, Tweez (reconnaissable à sa pochette en noir et blanc représentant un Saab sur une route boisée et hivernale et à ses titres reprenant les prénoms des parents des membres du groupe ou du chien du batteur) a été enregistré par le Steve Albini en 1987 et est sorti en 1989, sans faire beaucoup de vagues (faut dire qu'il n'est pas facile d'écoute, cet album, et assez bordélique). Leur second album, Spiderland, sorti en 1991, est une des pierres angulaires du post-rock, pour ne pas dire la pierre angulaire du post-rock : c'est la technique et la fureur déjà présentes dans le premier opus de Slint mais ici maîtrisée, ordonnée et contenue... J'ai passé mon temps à écrire une chronique complète sur Spiderland ici, donc je ne vais pas me répéter.

Après Tweez mais avant Spiderland, le groupe enregistra deux instrumentaux, "Glenn" et "Rhoda" (une version mieux foutue d'un titre déjà présent sur Tweez). Ces deux morceaux ne furent réunis qu'en 1994, après la mort du groupe, dans un EP intitulé simplement... Slint. Oui, pourquoi faire compliqué ? Dans "Glenn", on retrouve tout ce qui fera le succès critique de Spiderland : un morceau très contrôlé fait de progressions rythmiques et mélodiques qui ne mènent... nulle part. Le morceau tourne en rond, avec ses montées et ses descentes. À la toute fin, sur fond de mélodie répétitive et hypnotique qui en inspirera plus d'un (la première chanson qui me vient à l'esprit quand on parle de répétition "à la Slint" est la très belle "Corrupted Endeavor" du trop méconnu Jessamine), la guitare prend subtilement une tournure plus grave. "Subtilement", c'est le maître mot pour Slint : il faut vraiment écouter pour entendre.

vendredi 10 juin 2011

Battles, "Futura" & "Atlas" : math-rock du futur

Voilà donc ce à quoi ressemblera le rock du futur ? Avec seulement deux albums (Mirrored en 2007 et Gloss Drop en 2011), Battles a montré magistralement qu'il est encore possible aujourd'hui d'innover dans le monde du rock, sans retomber dans le revival des années 70 ou 80. Battles, c'est un super-groupe réunissant des musiciens aguerris, comme John Stanier, le batteur précis, très rapide et au son puissant du groupe Tomahawk ; ou encore le guitariste Ian WIlliams, de Don Caballero. Parmi les influences, on pourrait citer entre autres le post-rock mathématique très froid de Slint, mais aussi les compositions minimalistes de Steve Reich...

Vidéo n°1 : dans une atmosphère baroque (un salon de l'Hôtel de ville de Paris), le groupe, un brin épuisé, joue "Futura" (2011), un de ses plus grands morceaux. Guitares hachées, montée en puissance électronique, rythmes de timbré, le tout sans tomber dans l'avant-garde prétentieuse... Le montage vidéo de cette session (signé La Blogothèque/Un Concert à emporter) est époustouflant.


Vidéo n°2 : leurs clips vidéo sont également très originaux, à la limite de la claustrophobie et de l'angoisse... La preuve avec "Atlas" (2007).

mercredi 8 juin 2011

Deltron 3030, "3030" : un "space opera" hip-hop

Deltron 3030 : un projet de hip-hop de l'année 2000 produit par le très actif Dan the Automator et réunissant également le MC Del tha Funkee Homosapien ainsi que le DJ Kid Koala. Damon Albarn (de Blur) y fait également plusieurs apparitions. Bref : du Gorillaz avant l'heure, et en beaucoup mieux ! Un album-concept qui baigne dans une ambiance de space opera grandiose jusqu'à l'excès, où un groupe de rebelles combat le système en place au XXXIe siècle, dans un environnement d'oligarchie économique et politique qui n'est pas sans rappeler les développements du néolibéralisme actuel.


Pour la petite histoire, le sample principal utilisé dans ce morceau provient d'un vieil album de William Sheller (Lux æterna, 1972). Hé oui, Sheller, excellent compositeur, avant de faire devenir un "chanteur pop", a officié dans la musique plus classique (sans trop de succès).

lundi 6 juin 2011

Timber Timbre, "Under Your Spell" : du folk minimaliste et inquiétant

Taylor Kirk : un nouveau venu dans le monde de la folk et déjà un songwriter prolifique... Ce type sort de nulle part et compose ses chansons depuis un coin perdu du Canada. Déjà quatre albums, dont deux auto-produits (enregistrés tout seul dans une cabane - j'exagère sans doute un peu). 

"Under Your Spell", chanson aux airs mystérieux et bucoliques, est issue du deuxième album du "groupe" nommé Medicinals (2007) et utilise astucieusement cet instrument bizarre qu'est l'autoharpe, combinée à une voix éraillée de bluesman. The sun was setting in the east, a bad moon rising in the south, black rain underfoot, falling up from underground : I must be under your spell... Le narrateur s'est-il fait ensorcelé par une vilaine sorcière ou (plus simplement) est-il tombé amoureux ? L'enquête suit son cours...

dimanche 5 juin 2011

Nick Drake, "Things Behind The Sun" : hiver et désespoir, le retour

Nick Drake est une étoile filante dans le monde de la musique (et dans le monde tout court d'ailleurs : il a renoncé à la vie à 26 ans), mais quelle étoile ! Dépressif, le grand Nick a laissé en seulement trois albums studio une marque indélébile, empreinte de nostalgie et de mélancolie. Ce gars était malheureux, et il ne trichait pas. Sa musique, de préférence à écouter le soir en solitaire, est quelque chose d'unique, qui prend littéralement aux tripes. "Things Behind The Sun" (Pink Moon, 1972) est sans doute une chanson sur la dépression, sur l'idée que le monde, extérieur à sa personne, tourne très bien sans lui. Triste.

vendredi 3 juin 2011

Animal Collective, "Brother Sport" : énergique et juste un peu branchouille

La première fois que j'ai écouté ce... truc (c'est quoi ? De l'électro-rock expérimental ? Peu importe...), je n'ai pas aimé du tout. Faut dire que j'ai toujours eu un peu de mal avec Animal Collective, leur façon originale et très personnelle de structurer leurs chansons et leur style répétitif a priori minimaliste. Je n'aime pas non plus leur côté hype/branchouille (ils ont quitté Baltimore pour New York et je comprends pourquoi). Bon, sinon, quoiqu'on en dise, ils ont amené beaucoup de fraîcheur dans le rock expérimental. La preuve avec cette chanson clôturant leur huitième album studio, Merriweather Post Pavilion (2009)... Parfait pour se défouler et pour sourire.

jeudi 2 juin 2011

Hrsta, "Lucy's Sad" : hiver et désespoir

Une guitare électrique froide et dépouillée, quelques violons perdus dans la nuit, une mélodie répétitive mais progressive, des paroles décrivant un hiver sans fin, un univers mental d'un désespoir absolu, avec la mort au bout du chemin. Voilà ce que donne une des meilleures chansons du groupe canadien Hrsta (sur L'éclat Du Ciel Était Insoutenable, 2001 - toujours des titres d'albums à rallonge, ça fait partie du charme !), fondé par Mike Moya, également membre fondateur de Godspeed You! Black Emperor. Une claque la première fois que j'ai entendu ce morceau, il y a dix ans.

mercredi 1 juin 2011

A Silver Mt. Zion, "Could've Moved Mountains" : un hymne à l'espoir

Haaaa, les premiers albums de Silver Mt. Zion... C'était fin des années 90, en pleine aventure post-rock et, de manière plus personnelle, au tout début de mes années d'université. Efrim Menuck et deux potes montréalais de Constellation Records (la géniale Sophie Trudeau qui - simple détail - joue toujours pieds nus sur scène et le bassiste Thierry Amar) revenaient avec un projet beaucoup plus intimiste que le rouleau compresseur "Gospeed You! Black Emperor"... 

Partis sur une base de trois musiciens, le groupe allait rapidement s'agrandir et changer de nom en conséquence... et prendre aussi un son plus punk, tout en restant toujours aussi intéressant, original, novateur... En 2001, sur leur deuxième album, Born into Trouble as the Sparks Fly Upward, le groupe passe déjà à six membres. C'est à cette époque que The Silver Mt. Zion Memorial Orchestra and Tra-la-la Band (sic) jouera leur morceau qui me marquera le plus durablement : "Could've Moved Mountains".

"Please believe in labor, and hope, and joy..." Indubitablement, cette chanson à deux voix est un chef-d'œuvre. À écouter à fond, la nuit, dans son lit, toutes lumières éteintes... Ou bien lorsqu'il neige... Les quatre premières minutes sont d'une tristesse absolue, et pourtant une lueur d'espoir éclaire le chemin... "These hands could've moved mountains", autrement dit : nous, humains, n'avons pas d'autres limites que celles que nous nous imposons (ou qu'on nous impose), nous sommes libres et pouvons faire des choses magnifiques. Avec nos mains, nous pourrions déplacer des montagnes. Un hymne anarchiste d'une très grande classe donc, qui m'arrache des larmes aujourd'hui encore, après des centaines d'écoutes.

lundi 30 mai 2011

Will Oldham, "The Same Love That Made Me Laugh" : les dents de scie de l'amour

Will Oldham est un grand, très grand songwriter mais aussi un terriblement bon interprète des chansons des autres. Ici, dans ce live au Studio Amstel à Amsterdam (1999), il reprend un classique de Bill Withers, dans lequel il met un telle intensité d'interprétation que ça en devient presque choquant de beauté. Avec à la clé une question éternelle : oh, pourquoi cet amour qui m'a rendu heureux doit-il me faire tant pleurer aujourd'hui ?

samedi 28 mai 2011

The Ex & Tom Cora, "State of Shock" : punk anarchiste sans concession

Quand le collectif musical néerlandais anarchiste et sans concession The Ex se lie d'amitié avec feu le violoncelliste Tom Cora, ça donne deux terribles albums de jazz-punk d'avant-garde... Sur Scrabbling at the Lock (1991), "State of Shock" ouvre le bal. Et quel morceau ! Violoncelle en furie et guitares hachées, définitivement épique !

jeudi 26 mai 2011

Okkervil River, "Seas Too Far To Reach" : métaphores maritimes sexuelles

La dernière chanson de Down the River of Golden Dreams (2003) d'Okkervil River est une petite merveille de folk scintillante. C'est une chanson qui parle de sexe... Ou plutôt (et surtout) de rêves de sexe... Une chanson pour "nerds", pour tout dire. 

L'instrumentation est complexe, à base de cuivres, de mandoline, de claviers. Comme souvent avec ce groupe, il faut l'écouter de nombreuses fois pour en saisir toutes les subtilités mélodiques... Et comme toujours, c'est très bien écrit et c'est très profond. Hem. La chanson traite (entre autres) de la différence qu'il y a entre le rêve (la relation intime parfaite, fantasmée par un homme) et la réalité (la mort d'un proche, le sexe sans envie, la difficulté de découvrir l'autre, surtout dans l'intimité des corps). C'est aussi une chanson qui regorge de métaphores maritimes (déjà rien que le titre...) et comme vous le savez (ou pas), les métaphores maritimes, c'est mon rayon. And with your body next to me, its sleepy sighing sounds like waves upon a sea too far to reach...
 

mardi 24 mai 2011

Grandaddy : l'épilogue de "The Sophtware Slump" ou la solitude glacée du mineur

Deux chansons qui clôturent le définitivement superbe album qu'est The Sophtware Slump de Grandaddy (2000), une sorte de OK Computer en plus lo-fi et en beaucoup plus attachant. Enfin, ce n'est que mon avis... De toute façon, j'adore ces deux albums, donc faut vraiment pas vous sentir offusqué. Ces deux chansons forment un diptyque d'une intelligence rare, un peu à la manière de "Brain Damage" et "Eclipse" sur Dark Side of the Moon de Pink Floyd. Nous sommes d'ailleurs également ici dans le domaine de la science-fiction. 

La première chanson, "Miner At The Dial-A-View" raconte l'histoire d'un mineur très loin de chez lui (la chanson suggère qu'il se trouve sur une autre planète ou sur un astéroïde). La seule façon de voir ceux qu'il aime est d'utiliser une machine nommée "Dial-A-View", une sorte de "Google Earth" en temps réel. Le mineur est parti depuis très longtemps, voit sa famille, ses amis s'estomper dans les brumes du temps et ne peut rien faire contre l'oubli. C'est une chanson qui parle de la solitude, de la distance, du manque et de la perte. Subtilité supplémentaire de la chanson : le mineur semble s'adresser à quelqu'un en particulier en utilisant le "you" (sa femme ?) et "Dial-A-View" se prononce comme "I love you"... Jason Lytle, la tête pensante de Grandaddy, aime les messages cachés. 


La seconde chanson ("So You'll Aim Toward The Sky") est en quelque sorte la suite et la conclusion de la première : c'est le rêve du mineur. Sur l'album, les deux chansons se suivent sans interruption. Le mineur rêve qu'il s'envole vers le ciel (un comble pour un mineur), loin de toute forme de douleur. Ce morceau est un des summums de la pop éthérée : on ne peut faire plus aérien sans se brûler les ailes. Bref, un chef-d'œuvre mélodique, rempli d'humanité. Et sans doute la meilleure chanson pour aborder l'univers de Grandaddy si vous ne connaissez pas ce groupe...